Colloque international
Des unités de traduction à l'unité de la traduction – Traductologie de plein champ, septième édition
Nicolas Froeliger (Université Paris Diderot/Paris), Christian Balliu (Département Traduction-Interprétation, ULB), Lance Hewson (FTI/Genève)
Appel à communications
Colloque international :
- Paris, le vendredi 7 juillet 2017
- Bruxelles, le samedi 21 octobre 2017
- Genève, le samedi 9 décembre 2017
La traductologie évolue. C’est normal et souhaitable, dans la mesure où il s’agit d’une discipline jeune sur le plan universitaire, qui plonge ses racines dans des métiers eux-mêmes en plein bouillonnement, et qui hésite encore sur sa place dans le champ de la recherche. Cette évolution l’amène à affiner ses concepts, voire à en remiser certains (la trahison, la fidélité, et même l’équivalence…). Un schéma, assez classique, se dessine dans cette progression : nous voyons se succéder des tentatives partielles et jamais pleinement satisfaisantes pour obtenir une prise plus nette sur le réel, au risque de nous éloigner de la simplicité. Ce qui conduit à s'interroger sur le degré d'abstraction nécessaire pour arriver à être pertinent dans notre domaine comme dans les autres – et donc sur la part qui doit revenir à la recherche et aux tentatives de théorisation.
Il en va ainsi de la descendance d’un concept datant des années cinquante du XXe siècle. Postulées par Jean-Paul Vinay et Jean Darbelnet (1958), les unités de traduction ont eu pour mérite essentiel de faire comprendre que le plus petit élément pertinent en traduction n’était pas le mot. Deux décennies plus tard, la théorie interprétative (Danica Seleskovitch et Marianne Lederer) leur a préféré la notion d’unités de sens, apportant ainsi une composante cognitive et communicationnelle à la problématique. Une quinzaine d’années plus tard, encore, sont arrivés les culturèmes, avec (faut-il s’en étonner ?) le tournant culturel et les fonctionnalistes (Hans Vermeer, Heidrun Witte, Christiane Nord…). Et demain ?
Qu’on l’aborde à travers un prisme linguistique, sémantique, communicationnel ou interculturel, le problème, à chaque fois, est le même : quelle doit être la taille des grains qui doivent retenir l’attention du traducteur (et, de plus en plus, de la machine) pour parvenir à un texte cible fonctionnel dans les meilleures conditions ?
Ce concept de granularité se recoupe avec d’autres, de nature essentiellement épistémologiques : que gagne-t-on et que risque-t-on à occulter en abordant les phénomènes traductifs plutôt sous l’angle de la régularité (comme le fait par exemple la traduction automatique) ou sous celui de la singularité (comme c’est généralement le cas en traduction littéraire, mais pas uniquement) ? Sur quoi faut-il concentrer notre attention de traducteurs, de formateurs, de chercheurs : le microscopique ou le macroscopique ? À partir de quel moment une traduction devient-elle un texte ?
En outre, le mot traduction lui-même ayant pris, avec la montée de l’informatique et d’Internet, une extension qu’il n’avait pas auparavant, cette question se trouve également posée dans un certain nombre de domaines qui, tous, viennent informer la traductologie : terminologie, phraséologie, rédaction/communication technique, traduction automatique ou assistée par ordinateur, etc.
Des unités de traduction, on en vient ainsi à s’interroger sur l’unité de la traduction, en tant que profession, à laquelle donnent accès (entre autres) des diplômes, avec des instances régulatrices (institutions, associations…) et un rôle social, reconnu ou pas (en tout cas, pas encore assez). Et l’étape suivante de ce questionnement est celui sur l’unité de la traductologie : qu’est-ce qui nous unit ; qu’est-ce qui pourrait nous séparer ; pourquoi ; à quelles conditions ; avec quels enjeux ? Un exemple parmi d’autres : faut-il intégrer les techniques d’investigation médicales à une démarche visant à mieux cerner les processus cognitifs à l’œuvre en traduction ?
Chacun aura compris que les réponses apportées à cette question, parfois d’une manière qui se voudrait définitive mais n’est qu’individuelle, sont assez disparates – ce qui en fait un bon sujet de colloque : ne nous réunissons pas parce que nous sommes d’accord, mais pour confronter nos arguments. Et peut-être, ainsi, parviendrons-nous à faire progresser notre connaissance du domaine traductif et traductologique.
Cette septième édition de la traductologie de plein champ reprendra le modus operandi des deux précédentes, c'est-à-dire avec un découpage en trois journées distinctes et coordonnées, qui seront organisées respectivement
- le vendredi 7 juillet 2017, à l’Université Paris Diderot, en lien avec le master pro ILTS (Industrie de la langue et traduction spécialisée), le laboratoire CLILLAC-ARP et le Centre d’études de la traduction ;
- le samedi 21 octobre 2017 à l’ULB (Département Traduction-Interprétation, Faculté de Lettres, Traduction et Communication) ;
- le samedi 9 décembre 2017 à la FTI (Faculté de traduction et d’interprétation – Université de Genève).
Cette pluralité géographique vise à procurer un effet cumulatif, la deuxième et la troisième journée s’ouvrant sur les acquis de la ou des précédentes. Chacune des journées de ce colloque international aura en outre lieu en liaison avec la ou les organisations professionnelles les plus représentatives du pays considéré, avec un passage de relais de l’une à l’autre. Après évaluation par des pairs, les meilleurs articles de ce colloque seront publiés en 2018 dans la revue Équivalences.
Merci d’envoyer vos propositions de communications (500 mots maximum), en anglais ou en français, langues de ce colloque, au plus tard le 30 novembre 2016, en précisant vos préférences et vos impossibilités quant aux trois dates prévues, aux trois adresses suivantes :
Nicolas Froeliger
nf@eila.univ-paris-diderot.fr
Christian Balliu
christian.balliu@ulb.ac.be
Lance Hewson
Lance.Hewson@unige.ch
Une réponse sera donnée début janvier 2017, et la répartition entre les trois journées sera assurée par les organisateurs du colloque.
Page web de la Traductologie de plein champ
On the Unit(y) of Translation
Traductologie de plein champ, seventh edition
Nicolas Froeliger (University of Paris Diderot), Christian Balliu (Department of Translation-Interpreting, ULB), Lance Hewson (FTI/Geneva)
Call for Papers
International Conference:
- Paris, Friday July 7th 2017
- Brussels, Saturday 21st October 2017
- Geneva, Saturday 9 December 2017
Translation studies is changing and developing. What could be more normal for a young academic discipline that is firmly grounded in professions that are themselves going through profound changes? What could be more desirable for a discipline that is still hesitant about its place in the world of research? The changes and developments have gone hand in hand with a rethinking of concepts, some of which – such as betrayal, faithfulness, and even equivalence – have simply been discarded. We are witnessing here an oft repeated pattern: a succession of partial and partially unsatisfactory attempts to attain a clearer grasp on reality, and the concomitant price to pay – the risk of piling on layers of complexity. So as scholars we are encouraged to reflect on the relevant degree of abstraction in our field (as one must in all fields) – and on the space that should be allocated to research and attempts at theorising.
A good example is the way in which a concept dating back to the 1950s has evolved. The idea of Translation Units was put forward by Vinay and Darbelnet in their Comparative Stylistics of French and English (1958/1995). The great advantage of this concept was to suggest that the smallest relevant element when translating was not the word. Some twenty years later, the Interpretative Theory (Seleskovitch and Lederer) came up with Units of Meaning, thus enlarging the notion to include a cognitive and communicational dimension. Fifteen years further on, it was no surprise to see that Culturemes were introduced with the Cultural Turn and Functionalist approaches (Vermeer, Witte, Nord, etc.). And what of the future?
Whatever perspective one adopts – linguistic, semantic, communicational or intercultural – one always comes back to same question when trying to produce a functional target text in optimal conditions: should the translator (and more and more often the machine) adopt a fine-grained or coarse-grained approach?
The idea of granularity can be cross-fertilised with other, essentially epistemological, concepts. What does one gain and what might one fail to spot by looking at translation from the viewpoint of regularity (as is the case with machine translation) or singularity (generally – but not exclusively – associated with literary translation)? What should the attention of translators, trainers and researchers be focused on – the macrostructural or the microstructural level? At what point does a translation become a text?
Moreover, with the ever increasing use of computing and the Internet, the meaning of the word translation has broadened – so the same question is relevant in a number of fields that all have a bearing on translation studies: terminology, phraseology, technical writing and communication, machine or computer-assisted translation, etc.
When considering the notion of unit, one is naturally led to consider the etymologically related idea of unity. The unity of translation as a profession gives us further food for thought when we look at the diplomas that are one of the main ways of accessing the profession, and when we look at its regulatory bodies (institutions, associations, etc.) and its social role (which is undoubtedly not sufficiently recognised). It is but one step further to consider the unity of translation studies – what brings us together or separates us, the whys and wherefores, the conditions, and not forgetting the stakes of research in the field. One example among many is the issue surrounding the (in)appropriateness of using medical examination techniques when seeking to attain greater insights into the cognitive processes operational during the act of translating.
There are no simple or definitive answers to such questions, even if individual scholars would sometimes have us believe the contrary. The very fact that the answers that one may give are many and varied provides an excellent basis for a good conference. We meet together not because we agree, but to lay out and compare our arguments. And hopefully we will succeed in fostering a better understanding both of translation as an activity and as a field of research.
The seventh edition of Traductologie de plein champ will be organised in the same way as the two previous editions – with three distinct but coordinated days:
- on Friday July 7th 2017 at the University of Paris Diderot (with its professionally oriented MA programme on the language industries and specialised translation), the CLILLAC-ARP Laboratory and the Centre for Translation Studies,
- on Saturday 21st October at ULB (the Department of Translation and Interpreting, Faculty of Arts, Translation and Communication),
- on Saturday 9th December 2017 at FTI (Faculty of Translation and Interpreting), University of Geneva.
There will be three separate days and three different cities, but, we hope, a cumulative effect, with the second and third days building on what was learnt during the previous sessions. The relevant professional organisations of the three countries will be closely associated with the three events. Contributors’ articles will be peer reviewed, and a selection will be published in the prestigious review Équivalences in 2018.
You are invited to send an outline (500 words maximum) of your proposed paper in English or French (the languages of the conference) at the latest by 30th November 2016, giving your availability for the three dates to:
Nicolas Froeliger
nf@eila.univ-paris-diderot.fr
Christian Balliu
christian.balliu@ulb.ac.be
Lance Hewson
Lance.Hewson@unige.ch
You will receive an answer by the beginning of January 2017. The programme for the three days will then be drawn up by the organisers.